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Sommaire

 

 

Retours sur la réception

 

Le Schizo et les langues est un objet profondément informé par sa réception, au point d’en être devenu indissociable. Celle-ci constitue donc le sujet de la première partie des Dialogues schizophoniques.

 

De la « monstruosité » au « livre extraordinaire » : la réception littéraire contemporaine du Schizo et les langues, Juliette Drigny

Juliette Drigny se confronte à la qualification de « livre extraordinaire » qui a tôt émergé, et à ses conséquences dans la classification générique du texte, entre œuvre littéraire au sens propre et œuvre d’un « cas » psychiatrique, trop réflexive d’ailleurs pour que l’on puisse l’assimiler à l’art brut et manquant du coup son entrée, même de biais, dans le champ artistique.

 

L'Anti-Hegel : Deleuze lecteur de Wolfson, un tournant épistémologique dans l’histoire de la réception des « fous littéraires », Raphaël Koenig

Raphaël Koenig propose de relire à nouveaux frais la réception du Schizo par Deleuze ; renversant la perspective habituelle d’un dialogue où c’est le critique qui répond à l’œuvre, il s’attache à montrer que c’est au contraire le texte de Wolfson qui répondait à la pensée de Deleuze, ou à ce qui y était alors en germe, et constituait donc moins un texte « surprenant », comme on l’a souvent présenté, que véritablement « attendu ».

 

Louis Wolfson en Italie, chroniques mineures d’une planète infernale, Pérette-Cécile Buffaria, Pietro Barbetta et Enrico Valtellina

La contribution de Pérette-Cécile Buffaria, Pietro Barbetta et Enrico Valtellina met en lumière la réception de Wolfson hors de France, peu explorée jusqu’ici : en effet, Le Schizo, par sa langue et par ce qu’il dit de la langue, est par nature intraduisible. Il a cependant connu un certain écho en Italie, dans l’œuvre théâtrale de Nelo Risi (frère du cinéaste Dino Risi), mais aussi dans la critique à partir de la traduction en italien du second livre de Wolfson, Ma mère musicienne… et dans le contexte de la désinstitutionalisation de la psychiatrie engagée à la fin des années 1970.

 

Nouvelles approches critiques

 

Ainsi, l’objet Schizo nous parvient déjà enrichi et transformé par les lectures multiples et passionnées qui en ont été faites. Pourtant, il demeure essentiellement mystérieux ; rien ne l’élucide totalement, et de nouveaux angles d’approche sont encore découverts. Ils sont le propos de la deuxième partie, qui laisse la parole à des spécialistes de littérature, de théâtre et de philosophie pour éclairer ce qui doit encore l’être, sans jamais épuiser la matière.

 

Louis Wolfson ou la langue en horreur, Isabelle Alfandary

Isabelle Alfandary révèle ainsi le réel de la langue maternelle, mis en exergue par le délire psychotique mais renvoyant chacun à la perte du royaume de l’infans, scène irreprésentable (car indicible) où la fusion avec la mère n’est pas encore « inter-dite ».

 

Métaphore et référent de Babel — Le statut narratif ambigu du yiddish dans Le Schizo et les langues de Louis Wolfson, Cécile Rousselet

Cécile Rousselet se penche sur l’une des langues pratiquées par Wolfson, qu’il ne met pas sur le même plan que les autres, peut-être justement parce qu’elle se situe précisément entre la « langue maternelle » et la « langue étrangère » : le yiddish. Langue germanique ayant intégré slavismes et hébraïsmes, l’idiome synthétise l’étranger en même temps qu’il lie Wolfson à sa lignée familiale de façon plus apaisée que l’anglais ; il conserve cependant un statut extrêmement ambigu reflétant son propre syncrétisme linguistique.

 

Interactions urbaines et écriture de soi : le rôle de la ville dans la quête identitaire de Louis Wolfson, Samuel Harvet

Samuel Harvet quitte (faussement) la langue pour s’intéresser au décor du récit, la ville de New York ; l’unité de lieu est envisagée non comme un gage de stabilité narrative mais au contraire comme un espace sans cesse déformé, reflétant la maladie psychique, voire la personnifiant.

 

La production artistique de personnes en situation de handicap psychique ou mental, un statut au croisement d’enjeux esthétiques et sociaux, Marie Astier

Marie Astier s’intéresse au statut du Schizo comme production d’une « personne en situation de handicap psychique » et propose une comparaison féconde avec l’apparition, dans l’art dramatique français contemporain, de spectacles, voire de compagnies, portés par des personnes dont on a diagnostiqué une maladie mentale ou psychique.

 

Résonances

 

Faire résonner Le Schizo avec de telles pratiques artistiques qui s’inscrivent, ou non, dans le champ médico-social, rappelle à quel point le texte a été à l’origine de réflexions proprement cliniques, voire de nouvelles pratiques thérapeutiques.

 

Le monde privé de Louis Wolfson et de ses proches, Pauline Blum

Pauline Blum, qui est sociologue, relit le texte au prisme de l’entourage de Wolfson, tel que l’auteur le laisse paraître. Elle le met en regard de son travail de terrain sur les parents de personnes diagnostiquées schizophrènes en France aujourd’hui.

 

Atelier d’enseignement d’une langue étrangère. L’enseignement d’une langue étrangère dans un but thérapeutique, Violeta Arce

Violeta Arce raconte la mise en place d’un atelier d’anglais dans un hôpital psychiatrique de Buenos Aires, opération inspirée de certaines expériences de Maud Mannoni, elle-même lectrice de Wolfson ; elle poursuit par la présentation de plusieurs patients ayant mis en place des stratégies protectrices fondées sur l’usage de langues étrangères.

 

Le Journal 1976-1988, Agnès Bertomeu

Agnès Bertomeu parle de la clinique « libre » de La Borde, et de son Journal ; elle parle de Léa et David, et d’une expérience poétique.

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